jeudi 20 avril 2017

Le terrifiant génie difforme

Le crabe qui m'a dérobé mon trésor va bientôt revenir me le rendre. Les gargouilles rejoindront les abîmes de la Terre, emportant avec elles ce terrifiant génie maléfique et difforme qui gardera jalousement une partie de moi, en échange de quoi tu me laisseras franchir le précipice. Frêle mais debout, je prononcerai le mot magique "vivre".

vendredi 3 mars 2017

Et si on se posait les questions différemment


Voilà ma petite rédaction sur le blog du Ciffop exec.
Que répondre à la récurrente et complexe question sur le rôle du RH en 2017 ? Quel est le rôle de cet intriguent personnage que l’on croise à son embauche et que certains préfèrent fuir par la suite ? Au ciffop executive, on a pour habitude de dire que le RRH est le Responsable des Richesses Humaines. Celui à qui on demandera d’osciller entre cynique Représentant des Répressions Humaines et idyllique Chief Happiness Officer. Celui qui sera là pour veiller au climat social avec empathie, traiter des questions de bien-être et santé au travail avec humanité, en passant de l’organisation d’un pot au champomy pour une naissance, à la question du burn-out, ou de celle du cancer.

Le cancer touche de plus en plus d’actifs, 1000 nouvelles personnes diagnostiquées par jour en France, dont 400 travaillent, d’après l’INCa, Institut National du Cancer, et l’INSERM, Institut national de la santé et de la recherche médicale.
Malgré les idées reçues, il est possible de créer de la richesse immatérielle et de faire des économies en coût de friction par le maintien dans l’emploi des personnes nouvellement diagnostiquées.

En tant que RH, j’ai eu à traiter de ce sujet pour une salariée… moi !
Quand on est salarié, et qu’on est confronté à la maladie, on hésite entre garder le mutisme et libérer la parole, mais comment trouver les mots justes. 3 salariés sur 4 pensent qu’il est difficile de parler du cancer en entreprise. Pour ma part, aucun dispositif de communication interne n’avait été prévu dans ce sens. Aussi, j’ai tiré de cette mésaventure, l’envie de mobiliser autour du « care » et de sa portée systémique, tout en développant l’employabilité.
Pour accompagner au mieux les équipes confrontées à la maladie, il convient de savoir adopter la bonne posture au travers de l’accompagnement individuel. Certes les conséquences de la maladie peuvent parfois ne plus permettent ponctuellement d’exercer le même métier. Mais pourquoi ce changement ne deviendrait-il pas une occasion d’apprendre, de développer de nouvelles qualités ?

Durant un congé maternité, parental, sabbatique (un salarié qui aurait envie de faire koh lanta ?), on s’organise, on revoit les objectifs, on s’appelle, on se remplace, on s’entraide mutuellement. Alors pourquoi ne pourrait-on pas en faire autant avec le cancer en préservant les liens sociaux?

Les expertises RH et études économiques ont montré qu’en privilégiant l’accompagnement collectif, il est possible de faire d’une situation de fragilité, une occasion de créer de la valeur humaine, sociale, économique et sociétale.

Le RRH d’aujourd’hui et de demain sera celui qui aura l’ambition d’avoir pour stratégie d’entreprise, la volonté de conjuguer responsabilité sociale et sociétale avec performance et compétitivité durables. Celui qui conciliera cancer et emploi comme une équation économiquement gagnante.

saperlipopette

Saperlipopette que l'attente fut longue, et là ça y est enfin je touche du bout des doigts la fin d'un long calvaire.
Je n'avais pas eu le temps, ni le courage de reprendre la plume ou le clavier pour vous narrer mon quotidien ces derniers temps. Mais là c'est avec un roulement de tambour fracassant que ladies and gentlemen, senoras et senores, je vous annonce que la dernière opération de toute la vie, de l'univers, de l'infini, est là, toute proche, dans un mois, la date est fixée, annoncée, les faire parts lancés!
Un petit bout de cuissot, un petit bout de genou dodu (oui oui le gras du genou ça se recycle aussi), un tatouage (pourquoi pas thug life), et hop sur pieds. Ca se trouve c'est Julia qui va finir par être jalouse de moi (oui oui Julia Roberts, ba quoi un peu de self estime ne fait jamais de mal).

En plus, à Curie, ils m'ont dit RAS sergent yonyon, on est avec vous sur le terrain, prêts pour le combat. Un peu plus, et je leur faisais un salto dans les couloirs.

Voilà, reste plus qu'à attendre, mais comme moi je ne sais pas trop attendre, en attendant j'ai découvert la marque MEME pour les peaux fragilisés par la maladie mais aussi pour tous les autres.
J'ai participé au colloque de cancer@work, où j'ai été invitée par Cécile de la marque Garance, on y apprend tellement de choses précieuses. J'ai même vu Lili, oui Lili Sohn, ouhlala j'étais à un mètre.
Et dernièrement, j'ai écrit un billet pour la prochaine newsletter du blog du Ciffop executive, je vous le fais lire? C'est juste après.

jeudi 17 novembre 2016

Super Misspowerpatate

Tout au long de ces dernières semaines, j'ai compté chaque jour qui passait, priant pour que des forces cosmiques m'aident à m'autodécupler. Ne te fais guère de souci pour moi, avec un exceptionnel brio aux accents parfois chaotiques, j'apprendrai à apprivoiser mon avenir avec panache. Peu à peu je te vois prendre la clé des champs et je m'en réjouis. Tu as suffisamment vagabondé ici et là, où bon te semblais sans impunité. Il est temps pour moi d'être plus forte que mes peurs.
Le mardi 29 novembre, dans mon costume de guerrière, en combinaison moulante estampillée des lettres "SM" (Super Moi, Super Maman, Super Misspowerpatate), une fois de plus je te tiendrai tête.

mercredi 5 octobre 2016

Octobre rose

Me revoilà avec plein de nouvelles choses à vous raconter! Si je me suis faite discrète ces derniers temps, c'était pour me reposer, et revenir avec encore plus d'énergie à vous communiquer :)

En septembre, j'ai pimenté mon quotidien à la sauce "Curie" (ohlala le jeu de mot pourri ;-) )
Alors, ça consiste en quoi une "consultation oncogénétique"? Non pas besoin d'être à jeun, non ça ne fait pas mal. Il faut savoir que depuis 4 ans, la médecine a fait des progrès pour déceler les vilains gènes. Avant on connaissait le BCR1, le BCR2, maintenant on a découvert le PALB2. Grâce à une pise de sang et un frottis buccal (comme dans les experts avec un coton tige dans la bouche), on voit si votre cancer est héréditaire. Vous me direz, à quoi ça sert de se questionner sur la maladie, une fois qu'on a été touché? Ca sert à tout tout tout plein de choses! Pour vous déjà, un meilleur suivi, pour que cet abruti de cancer ne vienne pas se loger ailleurs, pour vos proches, et pour la science. Bon moi je ne suis pas médecin, alors j'explique nettement moins bien qu'Antoine, mon gentil conseiller en génétique.
Ensuite, j'ai eu le droit de participer à une enquête, il n'y a pas d'obligation, c'est uniquement si on le souhaite. C'est pour la prise en charge du suivi psychologique des patientes atteintes d'un cancer. Alors forcément, moi j'ai dit oui, car je soutiens à fond toutes les démarches qui comprennent que oui la maladie ça épuise physiquement et moralement.
Résultats le 15 février, on croise ses petits doigts boudinés des mains et des pieds même dans ses stilettos.

En septembre, j'ai aussi fait une mamo et un écho, dont les résultats sont bons. La classe! Et j'ai revu mon nichonlogue, "mon dieu que cette cicatrice est magniiifÏÏÏque, et cette peau comme elle a magnifiquement bien récupéré!" Ah, cool, les résultats sont satisfaisants. On va continuer en lipomodelage avec que la graisse des cuisses. Par contre j'ai maigri ces derniers mois, alors on espère qu'il y aura suffisamment de graisse. On recroise ses petits doigts boudinés des mains et des pieds. Prochaine opération le 29 novembre, là tristesse et désespoir, moi qui pensais être opérée le lendemain... Il faudra a priori encore 3 opérations avec injections comme en juillet. Là, je dois bien avouer que j'ai pleuré, ça paraît tellement long... mais bon, en octobre il y a plein de choses biens qui permettent de patienter.

Si septembre a été un mois très chargé au niveau médical, octobre commence plus en douceur.
Lundi, j'ai participé à un essayage lingerie chez Garance. J'étais comme une enfant qui découvrait les secrets d'un monde magique. Ce fut un moment de convivialité très chouette, où l'on reprend confiance en nous, et où l'on se sent carrément canon en petite tenue grâce à des modèles féminins, glamours et bien pensés.  Cécile, la fondatrice, et Marie, ont su nous mettre à l'aise et effacer d'un coup de baguette nos petits complexes.
Pour l'occasion, j'avais même mis mon sweat doudou Never Give Up, de Mister K Fighting Kit.

Durant cet essayage, j'ai rencontré deux fighteuses qui ont monté une association, et lorsqu'on aime, on partage, alors voici un petit mot sur leur beau projet. Leur association s'appelle "Amarose's". L'objectif est une Vogalonga en 2017, avec une cagnotte sur leetchi pour faire des dons. Il s'agit de financer la participation de 16 femmes atteintes d'un cancer du sein à la Vogalonga 2017 qui aura lieu le 4 juin 2017 accompagné par 5 bénévoles dont 1 médecin, 1 prof, 1 kiné et 2 entraîneurs. N'hésitez pas à faire connaître leur projet!

Aujourd'hui, c'est aussi la dédicace du 3eme tome de la guerre des tétons de Lili Sohn!
Et c'est aussi le vernissage d'Une autre histoire de cancer :)

Quand je vous disais que ce mois d'octobre rose serait plein de douceur et d'énergie à la fois.
Et voici quelques photos pour illustrer ces ondes positives.

mardi 26 juillet 2016

Lettre ouverte à Mister K

Scrutant ma boule de cristal, j'ai invoqué une vision de mon proche avenir, sans toi, post-toi, un après K. J'ai frémi un instant au plaisir de ne pas t'y voir, de ne plus avoir à fricoter, communier, partager tout avec toi. Toi qui t'es nourri de mes énergies, t'estimant tout puissant, marquant ta présence de manière indélébile, tu as essayé de t'emparer de ma joie protectrice et bienfaisante, mais tu t'es confronté à un esprit mutin qui m'anime et n'aura cesse de se régénérer.
Sois rassuré, tu déploies si bien ta force en toutes circonstances, que ce serait peine perdue de t'ignorer, de faire celle qui croie que tu n'as jamais existé, que nous n'avons pas vécu ensemble, que tu n'es pas venu t'immiscer ici et là. Mais face à toi, la ferveur de l'amour de la vie triomphera pas à pas de cet immense chaos. Portée par un doux rêve en passe de devenir réalité, je m'engage sans toi, et malgré la peur dans la poursuite de ce Grand Inconnu. Guidée par la magie du lendemain, par l'envie d'explorer avec une joyeuse insouciance, inconscience qui deviendra peut être de l'assurance, des chemins incertains.

dimanche 17 juillet 2016

Un petit bol d'air

Mercredi à 15h30, mon nichonlogue m'a annoncé que l'opération avait fonctionné... :)) ohlala quel grand moment de bonheur, son assistante qui a participé à mon opération m'a même dit qu'on pourrait a priori faire la 2eme opération de la même manière, c'est-à-dire à nouveau avec la graisse de mes cuissots, plutôt qu'avec une prothèse. Après avoir pris la culotte de cheval, reste la phase interne. Pendant quelques secondes, on se dit, hmm j'ai d'aussi gros cuissots que ça, à moins que ce soit parce que mes nichons sont microscopiques, ou peut être même les deux! Bon, il y a encore un peu de boulot avant de ressembler à Julia Roberts :D Mais c'est déjà un grand soulagement de savoir que ça a fonctionné, c'est déjà beaucoup, une immense chance dont il faut avoir conscience chaque jour.

Par contre, du coup, j'ai eu un petit coup de mou, ba oui... Même si ça vous donne la volonté d'aller déplacer des montagnes, ces derniers mois, j'ai pas mal puisé dans mes réserves physiques et morales, et on est facilement envahi par ce sentiment d'incompréhension, de "pourquoi moi?", de peur, pour soi, mais surtout pour ses proches. Pourquoi j'ai été touchée, et pourquoi maintenant je suis sauvée... Après un profond sentiment d'injustice, un violent sentiment de culpabilité prend place. Une quête de perfectionnisme comme la nécessité absolue d'avoir besoin d'être utile, reconnaissante, de dire merci. Les médecins sont habitués à aider les fighteurs et fighteuses à faire face à ce passage à vide, à nous habituer à ne pas avoir honte, comme après un naufrage si on faisait parti des rares rescapés, nous petite crotte insignifiante face à l'humanité. Je sais que certains vont penser "elle est concon celle-là ou quoi", mais après avoir été victime d'un cancer, c'est violent de ressortir la tête de l'eau. Donc, pour l'instant, j'apprends à revivre et non plus juste à survivre... Derrière de belles lunettes de soleil qui cache un regard parfois humide, je commence mon long chemin vers une reconstruction physique mais surtout identitaire, entourées de mes bonnes fées. Aujourd'hui, j'apprends à m'interroger sur mon ressenti, à me blinder contre les réflexions "ah ba dis donc pour quelqu'un en arrêt maladie, elle a bonne mine, merci la sécu", parce qu'on peut être malade ou en voie de guérison et avoir juste envie de se changer les idées, de profiter de sa famille et même d'aller au cinéma (!)
Mais rien ne me fera avoir une attitude fataliste, j'ai envie d'avoir encore confiance, et de focaliser toute mon énergie sur les petits bonheurs du quotidien.